Mettre en place une liaison école-collège en EMI au cycle 3 : éléments de réflexion
Mis à jour le vendredi 18 juin 2021 , par
Dans le cadre des TraAm 2020-2021, un travail a été mené conjointement par des professeurs documentalistes des quatre académies (Lille, Bordeaux, Nantes, et donc Guyane) sur la continuité de l’enseignement de l’EMI au sein du cycle 3.
Outils, pratiques...nous avons tenté d’analyser, par des enquêtes, des entretiens, quelles étaient les pratiques actuelles pour réfléchir à la mise en place d’une progression adaptée à la réalité du terrain. Des expérimentations pour renforcer cette liaison ont été menées. Il a fallu réfléchir à la création d’outils : sélection documentaires, questionnaire en ligne...
Le résultat de ces recherches et travaux sont disponibles ici :
Cette démarche m’a amenée à réfléchir à la façon dont on pouvait initier le dialogue avec le premier degré, ce qui facilitait ce dialogue ou l’entravait, et le bénéfice que l’on pouvait tirer de ces échanges...Retour sur les étapes du travail mené...
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En relisant l’intitulé des traAms 2020-2021, j’ai réalisé que si, officiellement, la continuité pédagogique au sein du cycle 3 devait être effective depuis 2016, celle-ci n’était absolument, en tout cas dans ma pratique, mise en œuvre en ce qui concerne l’EMI. Je réalisais mes séances à destination de 6ème en partant de présupposés, en imaginant leur acquis, sans que cela ait été confirmé par des échanges avec les enseignants du primaire.
Il m’a donc paru nécessaire, dans un premier temps, de faire un état des lieux des pratiques réelles en Education aux médias et à l’information des enseignants de l’élémentaire du secteur, afin de proposer ensuite une progression qui soit en adéquation avec les possibilités et les usages.
J’ai donc réalisé un questionnaire en ligne afin de savoir les notions abordées dans l’année par l’ensemble des enseignants, du CP au CM2 : clés du livre, mots clés... Ce questionnaire court, ne cherchait pas à être exhaustif, mais à dresser un rapide état des lieux, et dans un premier temps il a été diffusé dans une école du secteur avec qui un projet était en cours. J’avais eu ainsi l’occasion de me présenter et de présenter certains projets à l’ensemble des professeurs lors d’un conseil d’école : un premier lien était déjà tissé.
Ce questionnaire a recueilli neuf réponses : un échantillon modeste, mais qui a permis dans un premier temps de mettre à jour que :
- par rapport à mes représentations, le numérique était peu abordé. Structure d’un site internet, moteur de recherche, encyclopédies en ligne, et surtout droits simples et devoirs sur internet n’étaient quasiment jamais évoqués, entre autres
- le support essentiel pour une recherche d’information demeurait donc l’imprimé, plus globalement travaillé.
- les enseignants qui ont répondu étaient globalement ouverts et en attente d’une collaboration.
Il s’agissait ensuite d’ouvrir l’échantillon en interrogeant d’autres enseignants. Mais l’envoi du même formulaire, dans toutes les autres écoles du secteur, avec une explication de l’objectif, par le biais de la messagerie académique, n’a donné lieu à la collecte d’aucune réponse supplémentaire.
Conclusion n°1 : pour qu’un dialogue s’initie réellement, la rencontre physique et les échanges directs semblent indispensables.
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L’intérêt des traAm s’est ensuite révélé : les travaux menés en parallèle par Adeline Segui- Entraygues de l’académie de Bordeaux et Marine Thomas de l’académie de Lille ont donné une autre dimension à mes interrogations. Celles-ci ont en effet proposé la diffusion d’une enquête bien plus complète sur l’EMI et cycle 3 pour interroger les pratiques et représentations des collègues de l’élémentaire.
Il s’agissait de la diffuser pour obtenir un échantillon représentatif. Tirant leçon de mon expérience peu concluante d’une diffusion uniquement numérique , j’ai tenté de faire jouer des réseaux professionnels. J’ai donc sollicité les professeurs documentalistes de l’académie pour qu’ils transmettent directement l’enquête en leur nom aux enseignants des écoles de leur réseau (toute l’académie quasiment est classée REP). Dans un second temps, j’ai demandé à la chargée de mission s’il serait possible de solliciter les inspecteurs du premier degré afin d’obtenir leur soutien officiel autour de la question de l’EMI par une diffusion de l’enquête.
L’impact a été fort et rapide, puisque très rapidement, 29 enseignants de Guyane ont répondu à cette enquête (qui a obtenu en tout 61 résultats dans la France entière). Et ceci alors que, ainsi que l’ont expliqué de nombreux collègues, l’EMI devrait, mais ne fait concrètement pas partie de leurs priorités, du fait des attentes fortes sur d’autres points du programme. Sur ce point, les professeurs des écoles notent d’ailleurs le décalage très grand entre l’évolution de la société qui fait que l’école devrait prendre en main pleinement ces problématiques, et la réalité des programmes et attentes actuelles.
Conclusion n°2 : Les enseignants du premier degré se saisissent plus facilement la problématique de l’EMI quand ils ressentent également l’intérêt de l’inspection autour de cette question, non par manque d’intérêt (la majorité en reconnaissent l’importance) mais parce qu’ils se sentent pressés par d’autres priorités.
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L’un des aspects de l’enquête consistait également à mener des entretiens individuels avec des enseignants de CM1-CM2 pour une approche plus fine de leurs représentations, de leurs problématiques…Ces entretiens, menés en présentiel ou par téléphone, ont en effet permis d’éclairer les obstacles, freins, besoins, facteurs favorisant la pratique de l’EMI au sein du cycle 3. Sont notamment ressortis de ces entretiens les difficultés matérielles et techniques dans les écoles- frein majeur, la méconnaissance de ressources adaptées, le flou autour du rôle du professeur documentaliste et son absence de représentation en tant que personne-ressource, leur difficulté à se sentir légitime sur les questions de l’éducation aux médias et à l’information…
Ce dialogue noué était fort enrichissant : comment en effet proposer une collaboration efficace entre premier et second degré si chacun ignore mutuellement le rôle, les forces, les difficultés, les représentations, les priorités de l’autre ? De plus, ceux-ci varient tant en fonction des établissements et des personnels qu’il apparaîtrait nécessaire de faire le bilan sur ce qu’il est possible de mettre en place concrètement, pour envisager une réelle progression. Ce fut donc une découverte mutuelle, enrichissante, et plusieurs collègues ont souligné la nécessité de ces temps d’échange, de façon plus formelle.
Conclusion n°3 : Face à la diversité des situations et des enseignants, il est difficile de mettre en place une liste d’attendus globaux. Personnaliser en fonction de la situation réelle des écoles s’avère nécessaire et profitable.
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L’identification des besoins a donné donc lieu à plusieurs productions de la part de l’équipe des traAm. Genially regroupant les ressources les plus pertinentes pour le cycle 3, élaboration d’un article réflexif (en cours) sur l’EMI au cycle 3 afin d’éclairer sur la vision et les pratiques des enseignants de l’élémentaire...
Je décidais pour ma part, au-delà de l’analyse des résultats de l’enquête et des entretiens qui donnera lieu à un article commun, de réaliser un questionnaire qui puisse être dupliqué pour faciliter les échanges en fin d’année entre professeur documentaliste et professeur des écoles, en m’aidant des travaux de Marie-Dominique Paccault de l’académie de Nantes, disponible ici :
https://framaforms.org/emi-liaison-ecole-college-1621861563
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Ces travaux se sont révélés certes chronophages, mais aussi particulièrement enrichissants. Le dialogue initié sera poursuivi dans les années à venir : le but est de réussir à un accord sur des attendus en fin de CM2 à diffuser dans les écoles du réseau pour que mes séances 6ème puissent partir de présupposés réalistes et adaptés, voire de développer une véritable liaison primaire-collège par le biais de projets communs (défi lecture...)
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