Avec des si ....

Mis à jour le lundi 20 avril 2020 , par Perrine Chambaud

D’autres actions étant en cours, il a été décidé de mettre en place au CDI du collège Schoelcher de Kourou une installation légère, mais de marquer tout de même cette journée mondiale du droit des femmes.

Pour cela, nous avons choisi de travailler sur les stéréotypes de genre : même si cela est un peu en marge, nous estimons que lutter contre ces stéréotypes permet à terme d’améliorer la condition féminine.

Dès lors, nous avons eu deux idées :

1) Arbre à souhaits

Nous avons mis en place un arbre à souhaits, afin de faire une forme d’état des lieux : dans quelle mesure notre sexe de naissance nous impose-t-il des comportements ou nous empêche-t-il d’en adopter d’autres ?

Des papiers étaient à disposition de tous avec indiqué « Moi, fille, j’aimerais… » et « Moi, garçon, j’aimerais… ».
Si certains ont parfois mal compris l’exercice, nous avons eu aussi des réponses très pertinentes : plusieurs jeunes filles sentent ainsi une pression au niveau de l’habillement (« Moi, fille, j’aimerais m’habiller comme je veux sans qu’ont* me dise quoi mettre », « sans qu’on me dise c’est pas assez féminin ») ou des compétences ménagères.
Un garçon souhaiterait « Eliminer les avis sur la féminité et la virilité », précisant « je ne comprends pas ce principe ». En tout cas, fille comme garçon, certains ne veulent « jamais tomber amoureux » ou ne plus l’être : l’amour, grande cause adolescente.

Merci aux professeurs qui se sont aussi exprimés...

2) "Avec des si..." : Contes et stéréotypes

Nous avons voulu les faire travailler sur le conte (en lien avec l’Atelier « Conte, Raconte » du mardi midi), grand vecteur de stéréotypes. Nous avons donc eu l’idée dans un premier temps de leur faire réécrire les contes en inversant les genres (« Raconte l’histoire de Cendrillon, si Cendrillon était un garçon »), avant de réagir : dans un monde idéal, et à l’époque actuelle (nous supprimerons le temps de l’exercice le biais historique et la structure même des contes…), l’histoire devrait être quasiment la même…
Nous avons donc décidé de proposer un petit questionnaire pour justement jouer avec cette structure des contes et faire émerger les propres stéréotypes des jeunes.
Nous nous sommes donc amusées à poser des questions du type « Si Cendrillon était un garçon, sa belle-mère lui demanderait-elle de faire le ménage ? », ou « Si Aladdin était une fille, conduirait-elle un tapis volant ? ».
Se faisant, émergeaient de nombreuses idées reçues : les élèves étaient amenés à les formuler et les préciser en répondant à la question « Si non, pourquoi ? », à chaque fois qu’ils cochaient « non ».
Nous reprenions ensuite dans la mesure du possible les questionnaires avec eux à l’oral pour leur faire prendre conscience qu’ils s’enfermaient dans des stéréotypes qui n’avaient pas nécessairement de fondements, fruits d’un héritage culturel et sociétal (ainsi, Cendrillon au masculin n’aurait pas fait le ménage « parce que les hommes ne font pas de ménage », Aladin au féminin aurait pris les trésors en plus de la lampe, « car parfois les femmes ont une obsession pour l’argent », et la Belle au masculin n’aurait pas aimé la Bête car « les garçons ne sont pas sensibles à la beauté intérieure »)
Quelques élèves ont mis « oui » partout, nous disant « mais madame, fille ou garçon, c’est pareil ». Certains élèves, dès la 5ème, ont bien compris toute l’ironie de notre démarche et y ont répondu avec beaucoup d’humour. Ainsi Cendrillon au masculin ne serait pas allé au Bal car « Il serait resté pour exercer sa passion, le ménage » et Peau d’Ane n’aurait pas fait un gâteau pour la princesse « mais il aurait fait la vaisselle ! »
Il a parfois été difficile avec certains élèves de déconstruire certains clichés et de leur faire prendre conscience que ce qui s’appliquait à leur modèle familial proche ou plus lointain n’était pas nécessairement universel (« Mais qu’arrive-t-il aux femmes pour qu’on en arrive là ? » nous a ainsi dit une élève, par ailleurs très peu provocante, quand nous tentions de déconstruire avec elle le cliché d’hommes ne sachant pas cuisiner ou faire de la pâtisserie, en prenant pour exemple les pâtissiers de la ville ou même nos conjoints…)
Au niveau du bilan la démarche est intéressante, mais nécessite un travail oral avec les adolescents et suppose donc de bénéficier d’une bonne disponibilité. Nous pensions, après avoir laissé l’installation à disposition une bonne semaine, proposer le questionnaire « corrigé » avec des images montrant des hommes agent d’entretien ou pâtissiers, des femmes militaires, des statistiques, pour tous les élèves et notamment ceux avec qui le travail oral n’avait pas pu être approfondi…mais l’épidémie de coronavirus a entraîné la fermeture de l’établissement à ce moment-là.

Au collège Schoelcher de Kourou, les élèves pouvaient s’exprimer sur 2 thématiques au choix :

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Petit questionnaire pour savoir ce qui arriverait si on inversait les rôles ....

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